Domenico
MASTROIANNI
Maître de
la Sculptographie
Il a énormément travaillé dans ce
qu’il est convenu d’appeler la sculpture éphémère.
En effet, ses œuvres ne sont plus visibles que sur les séries de photos qui en ont été réalisés, ainsi que sur les séries de cartes postales publiées par Armand Noyer, éditeur Parisien de renom. D. Mastroianni détruisait ses sculptures après photographies et réutilisait la terre à modeler pour les suivantes.
La méthode de Domenico Mastroianni peut paraître simple de premier abord. En réalité l’artiste se trouve face à plusieurs difficultés. La matière étant de la simple terre glaise, la couleur de celle-ci n’est pas simple à photographier. Les scènes misent en œuvres ne seront vues que de face, point délicat par rapport à une sculpture traditionnelle en trois dimensions. D. Mastroianni sculpta également des séries consacrées à l'épopée napoléonienne, à l'Ancien Testament etc. On estime à 600 le nombre de ses œuvres ... toutes disparues. D'après Roger Boivin
En effet, ses œuvres ne sont plus visibles que sur les séries de photos qui en ont été réalisés, ainsi que sur les séries de cartes postales publiées par Armand Noyer, éditeur Parisien de renom. D. Mastroianni détruisait ses sculptures après photographies et réutilisait la terre à modeler pour les suivantes.
La méthode de Domenico Mastroianni peut paraître simple de premier abord. En réalité l’artiste se trouve face à plusieurs difficultés. La matière étant de la simple terre glaise, la couleur de celle-ci n’est pas simple à photographier. Les scènes misent en œuvres ne seront vues que de face, point délicat par rapport à une sculpture traditionnelle en trois dimensions. D. Mastroianni sculpta également des séries consacrées à l'épopée napoléonienne, à l'Ancien Testament etc. On estime à 600 le nombre de ses œuvres ... toutes disparues. D'après Roger Boivin
Domenico Mastroianni naît à Arpino (Italie), rue dell’Arco, n° 35,
le 1er janvier 1876, de Pietro Mastroianni et d’Angela Redivivo.
En 1903, il épouse à Rome Adèle Durante ; ils partent cette
même année pour la France, où naissent leurs deux enfants : Alberto, à
Montrouge (1904) et Adriana à Paris (1906).
Domenico n’avait reçu qu’une instruction sommaire, loin de la
moindre approche de l’art, si ce n’est celle du travail du bois dans l’atelier
de son père.
Ses premiers contacts avec l’argile, et donc avec le modelage, se
firent dans l’atelier de céramique et dans celui de poterie d’Arpino encore
actifs à la fin des années 1800
Il aboutit dans une famille connue de la haute bourgeoisie
industrielle de la ville : les Quadrini, collectionneurs et critiques
d’art. Don Carlo Quadrini l’emmène avec lui à Rome où il vécut tout près du
palais de son protecteur situé Via du Babbuino.
Travaillant toujours en autodidacte, Domenico étonne les amateurs
de sculpture par son incroyable capacité à modeler n’importe quel matériau : du
marbre au bois, à l’argile à la plasticine, à la cire et au plâtre.
Très jeune, il se lança à l’aventure et vécut en véritable bohème,
demeurant à Paris pendant douze ans, ville dont il affirmait qu’elle lui avait
donné sa vraie formation.
Toujours dans cette ville, il rencontre les artistes les plus
représentatifs de la fin du siècle : les impressionnistes Degas, Renoir,
Pissarro et Manet ; il se laisse fasciner par la découverte de l’Art
Nouveau.
En Italie, cependant, il est considéré comme frôlant la limite du
bon goût. Il est souvent marginalisé en raison de ses modestes origines
culturelles.
Sa fantasie et son génie naturel, sa grande habileté qui trouve
surtout son origine dans son génie artistique, le conduisent à créer une forme
de production sculpturale très originale dans l’illustration de la vie des
personnages historiques, littéraires et religieux les plus célèbres.
La particularité de ce travail consiste dans un modelage sur des
planchettes de bois de 50x70, réalisant avec une rapidité et une habileté
surprenantes des scènes typiques de la vie propres au sujet traité :
scènes de l’Ancien Testament, de la vie de Napoléon, ou scènes de la vie de
Jésus, de St Jean Bosco, de Ste Catherine de Sienne et scènes aussi de la vie
de Sainte Madeleine Sophie Barat.
Les bas-reliefs ainsi réalisés étaient ensuite photographiés puis
aussitôt détruits, l’argile étant à nouveau retravaillée pour servir aux
prochaines créations.
En raison de ce type de technique, les critiques ont défini
Domenico Mastroianni comme un « sculptographe » !
Il vendait ses images reproduites sous la forme de cartes à très
grand tirage présentées dans de jolis coffrets.
A cette époque, la photographie trouvait sa juste place pour
s’affirmer comme un langage nouveau et moderne, grâce aux combats engagés par
Daguerre et le très populaire Nadar.
Domenico Mastroianni prouve combien il a parfaitement compris les
pouvoirs incroyables de ce nouveau moyen d’expression et il en fait un bon
usage, non seulement du point de vue technique, mais aussi sur le plan
artistique, comme le démontre l’usage de la lumière qu’il perfectionna
merveilleusement pour faire ressortir la profondeur des personnages de ses
bas-reliefs.
Il produisit ainsi des milliers de photosculptures ou, comme on
les appelait en France, de sculptogravures. Grâce à elles, nous possédons une
documentation complète de son incroyable productivité quant à l’art
plastique.
En 1913 il revient à Arpino où il ouvre son propre atelier dans le
château Ladislao.
Là s’ouvre pour l’artiste une période de grandes difficultés en
raison de la situation économique italienne et de l’éclatement de la première
guerre mondiale.
Il faudra attendre l’Après-Guerre pour voir réalisées les oeuvres
que nous admirons aujourd’hui : le Monument aux morts d’ Arpino, dont on a
conservé un croquis, la merveilleuse Victoire de Carnello et le Monument aux
morts de Casalvieri, oeuvre qui a été fondue pour procurer du bronze à la
Patrie!
Le retour à Rome était inévitable pour un artiste qui, évidemment,
ne trouvait aucun débouché en province. Il y revient avec toute sa famille vers
les années 1920, et il ouvre un atelier très fréquenté au 51 de la Via
Margutta, Rue des Artistes.
L’atelier passera aussi à son fils Alberto. Aujourd’hui encore,
sur la porte d’entrée, on conserve l’enseigne : Alberto Mastroianni.
Domenico travaillera encore pour le Quirinale, et recevra du Roi
Vittorio Emanuele III la nomination de Chevalier de la Couronne.
A Rome, il continue de travailler avec ardeur à ses
photosculptures et il réalise un grand nombre d’œuvres pour des églises et des
palais de l’aristocratie. En Italie, la plus grande partie de ses œuvres est
publiée par l’éditeur A. Traldi, Milano.
Ses cartes se présentent en petit format jusqu’en 1931 ;
après cette date, elles se rapprochent du format standard.
Domenico Mastroianni procède à un grand nombre d’expositions dans
toute l’Italie : à Gênes chez la « Valletta Venchi » en 1951, à
la Marguttina à Rome la même année, à Palermo en 1952 et à Viterbo, dans le
Palais Santoro.
Sa dernière production s’attache à la réalisation de magnifiques
chevaux, à celle de personnages tirés des “Promessi Sposi” du Manzoni, et
sporadiquement à la peinture.
Domenico devient le maître d’Umberto Mastroianni, son petit-fils,
qui deviendra sculpteur d’une renommée internationale.
Domenico Mastroianni mourut en 1962. Il conserva toujours son
caractère simple, travaillant jusqu’à son dernier jour, lié à sa terre et
à ses gens à qui il a dédié toutes ses œuvres et toutes ses fatigues.
Domenico MASTROIANNI constitue un cas
unique dans l’histoire de la création
cartophile.
En effet si de
nombreux photographes et illustrateurs nous ont laissé des œuvres d’une grande richesse
artistique à l’aide des techniques les plus
conventionnelles : dessins, peintures, photographies, en revanche Domenico MASTROIANNI est certainement
le seul à avoir utilisé avec un talent
inégalé, ce que l’on pourrait appeler : « la sculpture éphémère ».
1 - Le mode opératoire :
Nous qualifions cette sculpture «
d’éphémère » car réalisée en simple terre
à modeler, elle semble uniquement conçue dans le but unique d’être photographiée. Les clichés ainsi
obtenus servaient à réaliser des cartes postales.
On comprend immédiatement
les difficultés techniques qui s’imposent à
l’artiste, contraint dans une matière de couleur marron pâle à créer des personnages mis en scène et destinés à
n’être vus que de face, à l’inverse
des sculptures conventionnelles pouvant être observées sous des angles
différents.
Par la finesse et la
précision de son travail, par la justesse des proportions,
par son sens de la perspective et de la restitution de la réalité de la
vie qui semble animer ses personnages, par le choix des sujets représentés qui démontre une attirance
pour l’épopée et le lyrisme, par sa diversité d’inspiration qui va du plus
profane au plus sacré, Domenico MASTROIANNI
se révèle être un créateur exceptionnel.
Les cartes postales
ainsi obtenues sont apparemment les seules traces
qui nous restent d’une œuvre que l’on peut qualifier de gigantesque.
Il est
particulièrement surprenant que de cet immense travail (au moins 600 œuvres originales) aucune d’entre
elles n’ait refait surface. Soit sur le marché
de l’art, soit dans les ventes publiques, soit comme étant signalée dans des collections privées,
soit même dans des Musées, et ce n’est pas là le moindre paradoxe !
A moins d’admettre
une fois pour toutes que Domenico MASTROIANNI détruisait ses œuvres après
les avoir photographiées, et réutilisait la matière
pour sa création suivante.
Son neveu Umberto
MASTROIANNI, lui-même sculpteur de réputation internationale
disait au sujet de son oncle Domenico : « Il était exigeant, pointilleux, plein d’imagination, un
illustrateur « tridimensionnel », familier de
la gloire, un virtuose et un grand travailleur ».
2 - L’artiste :
Domenico MASTROIANNI est né en
1876 à ARPINO (Italie).
Il a effectué une
carrière artistique internationale. On trouve des traces de son passage à BERLIN et à VIENNE.
Mais c’est surtout à PARIS qu’il connaît
la consécration.
En 1905, il expose
au Grand Palais à PARIS une œuvre intitulée « ALGER
TOULON AUTOMOBILE ». Il figure au catalogue et donne comme adresse le 33
rue BAYEN à PARIS (17ème Arrdt).
Le fait d’être
remarqué par un grand professionnel de l’édition de cartes postales :
Armand NOYER 37 Boulevard de Strasbourg à PARIS, va être déterminant pour
la suite de sa production. Armand NOYER ne s’est pas trompé en commandant
à l’artiste une carte publicitaire emblématique de sa production. On y
découvre à l’arrière plan un appareil de prises de vues et une sculpture prête à être
photographiée.
L’éditeur à également
compris que le symbolisme des messages véhiculés
à travers les œuvres de Domenico MASTROIANNI sont immédiatement perceptibles par tous.
C’est pourquoi les scènes de « bonne
année » ou de « joyeux Noël » connaîtront dès le départ des éditions trilingues ! A.NOYER voit
loin et il voit grand.
De son côté Domenico
MASTROIANNI travaille sans relâche : La création
du Monde, L’ancien Testament, la vie du Christ, l’épopée Napoléonienne, Le Centenaire de Victor
HUGO, le Baptême de l’Infant d’Espagne,
auxquels s’ajoutent de nombreuses cartes de vœux.
Pour une raison inconnue
Domenico MASTROIANNI, quitte PARIS et va
s’installer à ROME où il ouvre un atelier dans la rue MARGUTTA qui était à cette époque la rue des
artistes.
En Italie il
poursuit sa production de longues séries de cartes postales : La Divine Comédie, et de très
nombreuses cartes pour l’éditeur TRALDI à
MILAN, La Vie de DON BOSCO pour les éditions SALESANA à ROME.
Le Roi
Victor-Emmanuel III le nomme Chevalier de la Couronne d’Italie.
Sa dernière grande
œuvre sera l’illustration en 46 sujets, de l’œuvre célèbre « I PROMESSI SPOSI » (Les
Fiancés) fondue en bronze et acquise
par le Musée Historique de la ville de LECCO.
Domenico MASTROIANNI
décède en 1962.
Il existe une
Fondation MASTROIANNI à ARPINO qui s’est fixé pour but de regrouper les œuvres de cette
famille d’artistes.
3
- Le mystère MASTROIANNI :
Selon Monsieur
KOILSKI qui a répertorié la production cartophile
de l’artiste, il existe un mystère MASTROIANNI : Pourquoi a-t-il quitté PARIS
en pleine gloire et surtout pourquoi ne
trouve-t-on aucune trace des mémoires et des archives qui lui étaient consacrées ?
En effet on peut
s’étonner qu’un tel artiste n’ait pas donné lieu
à davantage de témoignages sur son œuvre.
Faut-il y voir un
commencement d’explication dans le fait que sa production largement
inspirée des récits bibliques était en contradiction
avec les mouvements anticléricaux très puissants en France à cette époque ?
Ou bien plus
simplement lorsque les éditeurs de MASTROIANNI
se sont avisés de « coloriser » ses sculptures (pour tenter de rivaliser avec les
autres productions aux couleurs
rutilantes), le public pas dupe du stratagème s’est-il détourné de ces cartes qui ne
gagnaient rien à être colorisées ?
Jusqu’à ce jour nous
n’avons pas de réponse.
Seules nous restent
de très nombreuses cartes postales, témoignant
d’un style parfaitement maîtrisé et qui continueront à faire rêver bien des générations.
D’après Christian DEFLANDRE, merci à lui !
Animateur du Musée de la Carte Postale
www.museedelacartepostale.fr
Animateur du Musée de la Carte Postale
www.museedelacartepostale.fr
Voir aussi : http://aviation.maisons-champagne.com/dir.php?centre=03-artiste-mastroianni&menu=galerie
5 commentaires:
Bonjour
Merci beaucoup pour cet article très interessant , c'est grace à une amie blogueuse que je découvre ce grand Monsieur (voir dans commentaires)
J'avais retouvé chez mes parents à leur décés quelques unes de ces cartes , dont j' ignorais tout et que je trouvais très belles
https://www.dinclo56.com/2020/01/meilleurs-voeux.html
Merci encore
Je vous presente mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2020
Cordialement à vous
Chère Claudine, je ne vous ai pas répondu et je n'en excuse.
C'est regardant ce travail que j'ai vu votre message. Ce dont je vous remercie.
Amoureux des CPA j'essaye de me diversifier, même si je sui plutôt centré sur TROYES. Bien à vous.
Bonjour
Je me permet de vous invité sur:
https://www.flickr.com/photos/anaglyphepeppin/albums/72157713873419251
Un dossier en anaglyphe de quelques œuvres de Domenico Mastroianni.
Beaucoup de travail pour moi a restaurer mise en anaglyphes.
Ou pourrai-je trouver des infos sur ce sculpteur?
Beaucoup de question, comme une stéréo jésus N° 144 ???
Bien cordialement
peppin
Bonjour Pépin,
Je vous ai répondu mais votre adresse m'a rejeté.
Contacter moi par mail.
J'ai fait cette étude qui n'est pas encore publiée (retard Covid).
Je veux bien partager avec vous, texte et couverture.
Hors Covid, l'ATEC donne des conférences mensuelles et édite des brochures, plus de 200 pour 30 ans d'existence.
Mais à condition de citer vos sources.
De ne pas dévoiler mes documents. Je projette de donner une conférence à l'ATEC,
voire à la Société académique de l'Aube dont je suis membre.
Tenez moi au courant de la suite que vous donnerez.
Je suis intéressé par vos cartes en relief !
Je n'ai pas réussi à les charger !
Merci, bien à vous.
Jacques Roland Fournier, Président webmaster et communication, cofondateur ATEC
Académie troyenne d'études cartophiles
jacques.fouinos@gmail.com
Monsieur,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article
Il se trouve que nous recherchons des images issues d’œuvres de Domenico MASTROIANNI utilisées dans un vieil ouvrage sur saint Claude la Colombière et dans la chapelle de la Colombière de Paray-le-Monial.
L’œuvres semble s’intituler « Vita del beato Claudio de la Colombiere ».
Voici ci-joint certains visuels.
Sauriez-vous où nous pourrions nous procurer des reproductions ou photos de bonne définition de ces cartes postales s’il vous plaît ?
En vous remerciant,
Sincères salutations
Vincent
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