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mardi 23 mars 2021

 Son parcours

Jacques Schweitzer est mort : l’historien de Troyes nous a quittés

L’homme. Jacques Schweitzer est né en 1924, à Troyes.  Le passionné d’histoire locale. Il a créé en 2011 et a animé jusqu’à la fin le site « Troyes et l’Aube d’hier à aujourd’hui », soit plus de 3 000 articles sur la ville et le département. L’élu. Maire adjoint à la ville de Troyes de 1959 à 1994. L’action publique. Création de la Maison des jeunes et de la culture de Troyes (1959-1969), de l’Office municipal des sports et de la jeunesse (1965-1983) et de la Mission locale de Troyes, vice-président-fondateur délégué de 1983 à 1989.

C’était sa très grande fierté. Pas de retrouvailles sans que Jacques n’annonce un nouveau chapitre à sa monumentale histoire de Troyes, un pic dans la fréquentation de son site internet ou une question intéressante concernant sa ville, émanant d’un internaute aux antipodes.

Un site Web d’une richesse incommensurable

La gestion et l’enrichissement de « Troyes et l’Aube d’hier à aujourd’hui  » illuminaient sa vie comme le réjouissaient les nouvelles de ses petits-enfants, issus de six enfants que lui a donnés son épouse, établis un peu partout dans le monde.

La mort n’effrayait pas cet homme, conscient d’être parvenu à cet âge avancé avec un intellect intact, une réflexion toujours d’une grande finesse et la mémoire vive.

Et il ne s’interdisait pas d’en rire. Au printemps dernier, une infection l’avait plongé plusieurs jours dans le coma provoquant l’inquiétude de ses proches. Je l’avais contacté en lui demandant franchement s’il consentait à me fixer rendez-vous pour qu’on mette au point ensemble les détails de sa nécrologie…Un grand éclat de rire en réponse et nous en étions restés là !

Pas de vin, pas de dessert, pas de café, juste un plat de poisson

L’humour – même noir – faisait partie de sa personnalité et était l’un des charmes de son commerce. Dieu sait que cette phénoménale mémoire qui le caractérisait, il l’a mise au service des journalistes de notre journal, qui le sollicitaient fréquemment ou qu’il appelait pour rappeler tel fait à commémorer ou tel événement qui naturellement avait échappé à tous…

Et toutes ces connaissances accumulées, il aimait à les partager autour d’un bon repas au Bistrot de Pont-Sainte-Marie ou lors d’un petit-déjeuner chez Tonton Farine.

Il était toujours d’une compagnie agréable et d’une remarquable sobriété. Pas de vin, pas de dessert, pas de café, juste un plat de poisson.

Fier de ses origines polonaises

Jacques Schweitzer concevait une grande fierté pour ses origines polonaises et sa famille, arrivée en France au XIXe siècle, à la faveur d’une insurrection populaire contre l’occupation russe.

Son grand-père exerçait la profession nouvelle à Troyes de « dentiste américain », c’est-à-dire frottée aux techniques les plus récentes de la dentisterie outre-Atlantique.

Il était fier aussi des quatre frères et sœurs de son père, tous engagés dans les services de santé de l’armée lors de la Grande Guerre. Surtout de son oncle Mickaël Schweitzer, fauché par la grippe espagnole en 1918 après cinq années de guerre sans encombre majeure.

Il était fier de ses petits-enfants, étudiants encore ou établis déjà, et de leur aisance à s’exonérer des frontières nationales. L’homme souriant et affable, l’érudit, le grand-père affectueux mais encore l’homme public dont le bilan n’est pas moindre.

Maire adjoint pendant 35 ans

La contribution de Jacques Schweitzer à la chose publique est considérable. L’homme a été maire adjoint de Troyes de 1959 à 1994 sans interruption, sous les municipalités d’Henri Terré et de Robert Galley. Un rôle endossé sans réserve avec tout l’enthousiasme et l’allant du scout qu’il fut dans les années trente et qu’à tout bien considéré, il était resté.

Comme il l’avait confié à notre consœur Mélanie Lesoif en mai 2019, «  il y avait tout à faire après la guerre et on était seulement six adjoints au maire . Il n’existait pas de piscine, pas de salle de sport, pas d’équipement pour accueillir les jeunes ». Son action se focalisera singulièrement sur cette jeunesse des années 50 et 60, avide de sport, de loisirs et de culture.

Il est à l’origine de l’Office municipal des sports (OMS) et de la salle omnisports. L’office mutualisera utilement la vigueur des associations sportives de Troyes et apportera des générations de sportifs et de titres.Il est le créateur à Troyes de la Mission locale, dont on sait malheureusement que le rôle est plus que jamais indispensable.

« Nous te disons un grand merci »

Une de ses grandes fiertés encore était d’être à l’origine de la Maison des jeunes et de la culture de Troyes, avenue du 1er-Mai. Jacques n’avait pas eu d’effort à faire pour emboîter le pas au ministre de la Culture, André Malraux. Mieux, il avait chargé les architectes Claude Parent et Paul Virilio d’en concevoir l’architecture. Modulable et résolument contemporaine, la Maison de Troyes avait été retenue pour être le modèle des MJC à venir en France.

Inaugurée par Maurice Herzog, ministre de la Jeunesse et des Sports, elle était devenue un lieu d’ouverture et de connaissance pour la jeunesse troyenne. Et par-delà Mai 68, il l’avait défendue contre sa propre municipalité, désormais soupçonneuse.

Pour tout ce que tu as fait et pour ce que tu étais, Jacques, nous te disons un grand merci.

Ses obsèques seront célébrées samedi matin en la basilique Saint-Urbain à Troyes.

Des témoignages d’hier et d’aujourd’hui

Jacques était sensible à juste titre à la reconnaissance que l’on témoignait à son action et il aurait sans doute été ému des mots de François Baroin.

« Jacques Schweitzer était une personnalité attachante, pointilleuse et infiniment passionnée par la ville de Troyes qu’il a servie durant 35 années. Sa contribution au développement de notre cité a été à la fois sincère et constante », note le maire de Troyes. « Si l’on retient souvent sa force de travail et sa mémoire impressionnante, je veux également saluer son professionnalisme et lui rendre hommage pour l’action qui a été la sienne en tant qu’adjoint au maire à la jeunesse et aux sports, sous le mandat d’Henri Terré en 1965 et poursuivi auprès de Robert Galley. »

Ils ont été nombreux à saluer l’homme et son action, ce long parcours et la diversité des projets qu’il a menés. D’Abba Samoun, rabbin de Troyes et grand rabbin de Champagne-Ardenne, à Philippe Massoni, ancien préfet de l’Aube et préfet de police de Paris, de Bernard Stasi, ancien ministre, à Brigitte Bardot, défenseur de la cause animale, ils ont révélé la diversité de son œuvre d’élu troyen ou le promoteur de projets de dimension nationale. Simplement pour finir, les mots d’un jeune drogué qu’il avait aidé dans les années soixante-dix : « La chaleur de ton amitié restera gravée au fin fond de ma mémoire, pour te dire que quelque part, tu as beaucoup contribué à mon changement… »

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