Les taudis ne justifiaient pas la démolition du Gros Raisin
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« Aujourd'hui, on ne détruirait plus une telle concentration de maisons
à pans de bois. Cela a été une erreur monumentale. Ce quartier n'était pas en
plus mauvais état que le reste du Bouchon de Champagne », témoigne Michel
Vuillemin.
La publication des souvenirs
personnels d'Élisabeth Voix (Libé du 22 août) ont vivement intéressé les
Troyens. Ce n'est pas une surprise. Ils constituent un témoignage précieux de
l'état du cœur historique avant sa restauration. « Troyes était alors une ville
de taudis », écrit l'ancienne vice-présidente du PACT.
Seulement, à cause de ces taudis, plusieurs rues du Vieux Troyes ont été
démolies. Y compris, à la fin des années 60, un quartier complet : le Gros
Raisin.
« Aujourd'hui, on ne détruirait plus une telle concentration de maisons à pans
de bois. Cela a été une erreur monumentale. Ce quartier n'était pas en plus
mauvais état que le reste du Bouchon de Champagne », témoigne Michel Vuillemin.
Ce Troyen, âgé de 80 ans, parle en connaissance de cause. Pour le compte de la
SEDA (société d'équipement du département de l'Aube), il a photographié la
totalité des rues du Gros Raisin, avant leur disparition.
Il prend pour exemple celle du général Saussier. « Tout le côté donnant sur le
Gros Raisin devait être démoli. J'en sais quelque chose. Mon atelier de photo
se dressait là, au numéro 39. J'ai été expulsé comme les autres propriétaires
ou locataires. Finalement la rue du général Saussier n'a pas été détruite. Et,
on s'aperçoit aujourd'hui, qu'une fois restaurées, ses maisons sont aussi
belles que les autres ».
L'épouse de Michel Vuillemin, Élisabeth, abonde dans son sens.
« Aujourd'hui, le Gros raisin serait un quartier magnifique avec sa multitude
de rus », dit-elle.
Mais les bulldozers sont entrés en action sans grande opposition. « Il aurait
fallu se battre. Ce quartier le méritait. Mais on n'était ni assez nombreux, ni
assez forts », déplore Michel Vuillemin.
Des gens ont refusé de partir. « Je me souviens d'un monsieur et d'une dame qui
s'étaient barricadés dans leur maison. Leurs portes ont été fracturées et j'ai
vu leurs meubles êtres sortis par le ville. Plus tard, lui est mort de chagrin
», raconte-t-il.
Ce photographe professionnel a quand même réussi à sauver un témoignage du Gros
Raisin, le seul d'importance qui subsiste aujourd'hui. Il a empêché que la
tourelle, aux cinq côtés, de la maison du comte Henri ne disparaisse. « Un
particulier l'avait achetée au démolisseur pour l'emmener hors de Troyes », se
souvient-il.
Grâce à son action, elle a été conservée. Elle a été démontée et déménagée dans
le quartier Saint-Jean. Elle est devenue l'un des éléments de l'office de
tourisme.
« Cette tourelle possédait cinq côtés car un ruisseau coulait à ses pieds. Cet
ancien hôtel particulier avait été construit en fonction de ce ru »,
explique-t-il.
La maison du comte Henri existait déjà en 1 612 selon un document qu'il a
retrouvé.
Tout un patrimoine inestimable a été sacrifié au nom des taudis et des îlots
insalubres.
Jorge D'HULST L’EST-ECLAIR Publié le samedi 05 septembre 2009
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1 commentaire:
Beau succès pour notre intervention d'hier soir !
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